Les univesités lancent leurs propres réseaux sociaux
Nous avons souhaité partager cet article du figaro.fr sur la mise en place de RSE dans les universités.
L’université du Mirail de Toulouse a lancé Bee Api, une plateforme d’échange de contenus entre professeurs et étudiants pour partager coups de gueule et coups de coeur. Utopiste?
Elles ont un service de messagerie, un espace numérique de travail (ENT) pour échanger des documents, sont présentes sur Facebook et Twitter. Mais cela ne suffit pas à certaines universités, plus gourmandes, qui se mettent à créer leur propre réseau social. C’est le cas de celle du Mirail de Toulouse qui vient de lancer début janvier Bee API, traduire «Apprendre en Partageant ses Intérêts».
Chaque professeur, étudiant ou membre du personnel administratif se voit d’office attribué une page individuelle sur cette nouvelle plateforme d’échange. Soit 23.000 profils, dont la majorité se compose pour le moment d’un simple nom et d’un carré gris appelant une photo de remplacement. Que fait-on sur le réseau social Bee Api? Beaucoup de choses: actualiser sa page personnelle, poster des liens, des statuts, créer des communautés d’intérêt, des forums, tenir son propre blog, partager des fichiers et tout simplement réseauter.
Comme l’abeille, qui fait office de mascotte, le sous-entend, Bee API encourage le dialogue pour faire essaimer le savoir entre les étudiants, enseignants, chercheurs, bibliothécaires… «Ce n’est pas un outil de communication de l’université mais un réseau ouvert, prévient Eric Ferrante, le responsable de Bee API. Le but est d’avoir un espace d’échange qui ne soit pas traditionnel, au-delà de la salle de classe. On peut discuter entre filières mais aussi entre promos».
L’université du Mirail n’est pas la première à se prendre d’envie de créer son propre réseau social. La pionnière reste l’université Paris Descartes, qui avait lancé dès 2008 la plateforme Carnets2. Désormais utilisée par 17.000 personnes -sur un total de 48.000, étudiants, professeurs et administration compris-, le réseau permet à tous d’intégrer des groupes publics ou privés et de publier des articles. «Ce n’est pas la même philosophie que sur une plateforme d’enseignement interne. Tout le monde peut créer des objets et interagir». Thierry Koscielniak, le superviseur des Carnets 2, rêve même d’élargir le concept à tout le groupe Sorbonne Paris Cité, pour créer le premier réseau social inter-établissements, incluant Sciences Po, l’Inalco, Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Paris Diderot, Paris Descartes, Paris 13, l’EHESP et l’IPGP.
Etre «ami» avec son prof?
Mais pourquoi les universités ne se contentent-elles pas de créer leur page sur Facebook ou Twitter? La création d’un réseau social indépendant nécessite une machinerie lourde et longue. «C’est une grosse organisation. Cela va plus vite de se mettre sur un réseau social déjà existant…», relativise-t-on à la CPU. Contrairement au célèbre réseau bleu imaginé par le jeune Mark Zuckerberg du fin fond de sa micro-chambre d’étudiant, Bee API et les Carnets 2 n’ont pas été créés par les étudiants ni uniquement pour eux. La filiation directe à la direction de l’université effrite quelque peu leur attractivité et provoque aussi un brin de méfiance auprès des étudiants. On peut les comprendre: sur Bee Api, «il n’y a pas de pseudo, on ne peut pas changer son nom… On ne se cache pas, explique Eric Ferrante. Ainsi on incite les gens à s’exprimer, savoir poser des arguments de façon construite, pour créer un débat où tout le monde est à égalité. Il n’y a pas de différence entre un enseignant et un étudiant». Même discours pour les Carnets2 de Descartes: «Contrairement à une plateforme d’échange interne, ici, tout le monde est à égalité numérique», confirme Thierry Koscielniak, le superviseur du réseau.
Egalité… jusqu’où? La valeur ajoutée du concept est aussi son point faible: qui souhaite être ami avec son professeur? Certains étudiants certes, mais pas forcément tout le monde… Les réseaux sociaux d’université souhaitent gommer la frontière entre sphères privée et universitaire ,en promouvant un dialogue libre entre l’étudiant et l’enseignant. Mais en défendant ses idées personnelles, l’étudiant s’expose au risque d’être jugé, préféré ou pris en grippe par son prof. Une fois déconnecté, ce dernier reste celui qui distribue les bons points sur les copies. Alors l’usage de ses réseaux reste finalement cantonné au strict cadre académique. «Il y a une certaine auto-censure des étudiants, qui ne se risquent pas à alimenter une polémique et publient surtout sur les thèmes abordés en cours, confie Thierry Koscielniak de Paris Descartes. Pour délirer, ils vont sur Facebook».
De toute façon, personne ne s’est jeté sur Bee API en un mois et demi d’existence. Par méfiance ou désintérêt. «Ce sont surtout les bibliothécaires et les documentalistes qui se sont emparées de l’outil… Les étudiants sont un peu frileux, ils y vont par curiosité, commencent à se créer un petit réseau, illustre Eric Ferrante. Les enseignants ne s’y sont pas précipités non plus, mais ça peut se déclencher à tout moment.. Il faut compter plus d’une année pour voir s’il y a un effet».
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